Résumé de Christophe Dejours : L'auteur propose quelques éléments de réflexion ayant un rapport avec des préoccupations pratiques et scientifiques qui lui semblent être des rejetons de Mai 68. Les syndicats et les partis politiques de gauche n'ont pas reconnu dans les thèmes liés à la subjectivité dans le travail un défi politique de fond, laissant en ce domaine le champ libre aux initiatives du patronat et à sa conception des ressources humaines. De ce rendez-vous manqué résultent peut-être une part de la sésaffection pour la participation syndicale et une situation où ceux qui travaillent concourent au système qui génère la discrimination et la précarisation. Aujourd'hui, la priorité devrait être accordée à l'analyse des ressorts psychologiques du consentement à subir l'injustice ou à la faire subir, afin que les travailleurs puissent se reconnaître dans ce qui fait la souffrance de l'autre, condition nécessaire à toute mobilisation collective dans l'action. Summary : The author offers some thoughts in connection with practical and scientific concerns that he considers to be May 68 offshoots. Unions and left-wing political parties failed to recognize a core political challenge in the matters of subjectivity in work, thus leaving the field open to employers who have their own conception of human resources. This may be a cause for the lack of interest for unions and for a situation in which workers praticipate in a system that creates discrimination and social exclusion. Today, priority should be given to the analysis of the psychological forces behind consenting to endure injustice or to subject others to it, so that workers can identify with what makes the other suffer, a necessary condition in order to mobilize a group into action.
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