Statut de la subjectivité et problématique de la santé : un chemin à rebours à travers l'oeuvre de Georges Canguilhem.

 
En opposant la notion de santé chez Canguilhem aux concepts de défense et de normalité soutenus par la psychodynamique du travail, la clinique de l'activité procède à une lecture dualiste et erronée du rapport entre santé et maladie élaboré par le philosophe. Rien dans son oeuvre n'est formalisé pour soutenir la critique d'une pensée qui vient de l'intérieur. Au contraire, il est établi qu'il est resté affilié au courant de philosophie réflexive incarné par son maître Alain. Selon cette perspective, il soutient que l'action mobilise toujours une part de soi irrationnelle et affective où le corps est engagé dans un travail d'opposition conflictuelle et polémique pour s'affranchir de ce qui résiste dans le monde. Canguilhem a constamment situé la subjectivité dans la capacité de choisir et de juger selon des valeurs. Avec la praxis médicale, il affirme que la santé n'est pas un concept normatif, mais une expérience de la maladie dans un mouvement de lutte et de dépassement qui transforme la santé en valeur. Cette proposition prend en compte la vulnérabilité et rétablit la question de la contingence et de l'identité, ainsi que la psychodynamique du travail l'a toujours défendue.