ENQUETE - "On ne va pas prendre les patients en otage..." Souffrance éthique et distorsion de la communication dans un service de nuit en gérontologie.

Sophie Ingwiller, Pascale Molinier

de Sophie Ingwiller, Pascale Molinier

Travailler, 2010, 23 : 59-75

Résumé
: Cet article retrace une enquête de psychodynamique du travail réalisée auprès d'équipes de nuit dans un service de gérontologie. Il est écrit à la première personne du singulier par Sophie Ingwiller pour tout ce qui concerne l'analyse de ses propres défenses. Les données ont été analysées en collaboration avec Pascale Molinier ; leur interprétation et la mise au jour de leur dimension défensive impliquent le travail réalisé au moment de la supervision qui apparaît ainsi comme un élément clé du dispositif d'enquête. L'enquête montre qu'en dépit de ce que disent les soignants, les patients sont bien "pris en otage" dans le conflit larvé qui oppose les soignants à la direction. L'interprétation permet d'analyser et de déplacer partiellement les défenses des soignants, tandis qu'elle laisse deviner en creux les défenses de la direction. La maltraitance apparaît alors comme le résultat d'un rapport social défensif qui requiert une remise en discussion du travail réel et du partage des responsabilités.

Mots clés : Gérontologie, travail de nuit, maltraitance, stratégies collectives de défenses.