Résumé. A partir d’entretiens menés auprès d’anciens employés de la banque d’Etat de Sao Paulo, quelques années après qu’ils aient souscrit au " plan de démission volontaire ", l’auteur montre comment ceux-ci sont tombés dans l’engrenage de la précarité. Mais comment la Banque a-t-elle réussi à leur faire prendre une telle décision? Pour comprendre, l’auteur remonte à la période précédant la mise en place de ce plan. Elle en arrive ainsi à mettre au jour l’existence de deux logiques : la logique droits-sécurité (qui incitait à rester dans l’entreprise) et celle d’un travail dévalorisant (qui pousse à partir). Ces deux logiques coexistaient, étroitement imbriquées, jusqu’à la mise en place du processus de privatisation. La " ruse " des gestionnaires fut de les dissocier, en détériorant la première et en hypertrophiant la seconde. Dès lors, par un renversement spectaculaire, nombre de salariés ont été ainsi amenés à donner leur démission de façon non seulement parfaitement volontaire techniquement parlant, mais en donnant de surcroît à cette démission le sens d’une libération. C’est en jouant sur le désir de réalisation de soi comme sujet que le libéralisme a pu atteindre son but : se séparer d’une bonne partie des travailleurs " surnuméraires ".

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