Résumé de l'article de Annie Loubet-Deveaux et Fabienne Bardot : Membres d'une profession légalisée en 1946, mais dévoyée dans sa mission de prévention par l'organisation d'examens médicaux répétés, orinetés prioritairement vers l'aptitude, les médecins du travail construisent peu à peu un métier et élaborent une clinique médicale du travail. Cette clinique médicale du travail s'appuie sur l'ergonomie de langue française et la psychodynamique du travail, sans pour autant renier ni le colloque singulier ni l'examen des corps porteurs des traces du travail. Elaborée à partir du croisement de données cliniques individuelles, de trajectoires professionnelles, de récits où interviennent les différents salariés d'un groupe, cette clinique médicale du travail est une pratique qui questionne les uns et les autres, et d'abord le médecin. Au travers de l'exemple d'une consultation individuelle et de l'analyse d'une épidémie de troubles musculo-squelettiques, nous montrerons les démarches complexes que cette pratique nous demande.

 

Summary : Members of a profession that was legalised in 1946 but whose preventive mission has been corrupted by the implementation of repeated aptitude-oriented medical examinations, occupationl physicians are slowly constructing a profession and elaborating a clinical occupational medicine. This clinical occupational medicine is based upon the French language's ergonomics and upon labour psychodynamics, without forgetting either the unique dialectic or the inspection of bodies bearing the scars of labour. Constructed from the crossing of individual clinical data, professional trajectories, testimonies from different workers within a group, this clinical occupational medicine is a practice that questions all actors, strarting with the physician. Through the exemple of an individual consultation and the analysis of an epidemic of muscular-skeletal dysfunction, we will show the complex processes that this pratice demands.